Les photos ne sont jamais actuelles ni articulées. Elles masquent par le cadre et leur fixitude, l'écoulement organique, la fébrile et ineffable dynamique du vivant. Ne s'y dévoile ni âme ni matière, à peine peut-on distinguer la texture profonde de la chair. Le film, qui est une série de photographies, paraît en ce sens plus honnête. Il est plus honnête parce qu'il ne s'arrête en quelque sorte jamais. Il peut ne jamais s'arrêter. Il peut suivre infiniment. Il ne masque pas moins une partie du réel par un cadre et par des qualités physiques qui métamorphosent la relation phénoménologique du sujet à l'objet, car à la vérité, l'objet n'y est que représenté. C'est aussi ce qu'un extrémiste pourra reprocher au film : un évident manque de réalisme, un manque d'authenticité ! Mais je demande, à présumer que ce soit le désir qui fabrique les structures : que serait l'éternelle reproduction des massacres sans le cinéma ? On ne peut pas en espérer la cessation des guerres, mais il est à ce point possible de quitter la réalité grâce au film, qu'il devient tentant de rêver d'un monde parfaitement inhumain. Je ne peux que positivement affirmer mon enthousiasme pour l'avenir des multimédias qui, par tous les chemins admissibles, pourront modifier notre perception du monde au point de combler tous les désirs virtuellement. L'espèce peut-être va périr. Eh bien ! Soit !
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