La légende du Crocodile Roux
Un vieux conte d'origine africaine que j'ai eu l'occasion d'entendre pour la première fois lorsque je suis allée au Sénégal il y a trois ans, par la bouche d'un authentique griot, m'a un jour lancée sur la piste du légendaire Crocodile Roux, le messager.
Presque au tout début des temps de la création, il y a très, très longtemps, aux premiers moments des origines du monde et de la vie, alors que le ciel et la terre venaient tout juste de se séparer, surgit un grave conflit entre les animaux qui y vivaient depuis peu. Qui est le plus bel animal, voulurent-ils savoir ? Le créateur dans son immense sagesse refusa de leur répondre. Alors le tumulte alla grandissant et pour cette raison, on convoqua les animaux de la brousse et des marécages autour d'un étang. "Qui est le plus bel animal que Dieu ait créé ? questionna une antilope. N'est-ce pas nous, qui sommes si élégants et rapides ?
- Non, bien sûr que non ! protesta le porc-épic. C'est nous, car nous avons de très belles épines."
Mais alors, tous les animaux protestèrent et les antilopes les premières ." Vous êtes laids, bien plus semblables à des buissons qu'à des animaux, lancèrent-elles. " Choqués et rejetés de tous, les porc-épics repartirent vers la forêt, décidés désormais à lancer leurs épines contre quiconque les attaquerait. Mais le tumulte ne s'arrêta pas là. Plus fort rugirent les lions et plus fort barrirent les éléphants. Les oiseaux de proie crièrent contre eux tous qui refusaient de reconnaître la beauté de leur plumage et de leur bec ! Et s'avança soudain un serpent qui les effraya tous et ils se turent pour entendre ce qu'il avait à dire. Il se leva sur ses pattes et afficha un air digne avant de commencer à siffler ce qu'il avait à exprimer "Comment pouvez-vous croire que vous êtes les plus beaux, vous tous, êtres semblables, sans splendeur et sans grande intelligence, alors que nous, les serpents, sommes si rusés, si beaux et si discrets dans tous les paysages, que vous ne puissiez point nous voir et nous attraper ? C'est que nous sommes semblables à la nature, toujours si belle et merveilleuse ! Ne sommes-nous les plus beaux des animaux ?" Alors se mirent à rire les singes et les gorilles, les suricates et polatouches, les tigres et les hyènes, les hippopotames et les zèbres ... " Nous sommes tous capables de nous fondre dans la nature, s'écrièrent-ils, car nous sommes tous aussi beaux et merveilleux que le paysage que nous habitons. Alors que vous êtes semblables à ce qu'il y a de plus laid et vile sur terre, avec vos petites pattes hideuses et vos yeux de vipères!, sans parler de votre sifflement ! " Alors les serpents se retirèrent, devinrent si amers qu'un venin bouillonna bientôt dans leur veine et tout leur corps. Ils se défirent de leurs pattes dont ils avaient honte désormais et jurèrent de mordre et d'empoissonner tout animal qui oserait les approcher ! Et à nouveau, la bisbille reprit. Les animaux ne s'entendaient guère et criaient tous pour faire entendre les attributs qu'ils juraient être les plus beaux du monde ! Et cette fois, un crocodile émergea de l'étang. Il frappa bruyamment sa queue contre les eaux et claqua ses mâchoires si fort que tous se turent et le regardèrent, craignant de se faire dévorer. Le crocodile furieux de les entendre ouvrit grand ses yeux, montra les écailles de son dos et les griffes de ses pattes puissantes. " De toute évidence, grogna-t-il, nous sommes le plus bel animal et le plus puissant ! Ne voyez-vous pas que nous sommes faits pour les eaux, autant que pour la terre et le ciel, et qu'aucun d'entre-vous n'ose nous défier ? Si nous le voulons, nous pouvons briller comme les eaux, nous fondre dans le sable et les marécages, sans jamais nous noyer. Aucun de vous n'est plus beau !" Cette fois encore, tous les animaux protestèrent de plus bel : "Vous êtes hideux comme des crapauds ! Personne ne vous aime, le créateur lui-même semble vous avoir méprisé ! " Les crocodiles s'en allèrent et disparurent dans les eaux, décidés à n'apparaître que pour manger tout animal assez fou pour les approcher. Les cris augmentèrent et encore plusieurs animaux partirent dans la haine, décidés à tuer tous les autres dès qu'ils en auraient l'occasion, si bien que le conflit n'alla que s'envenimant.
Le créateur, triste et furieux de les entendre, et aussi décidé à leur enseigner la vérité sur eux-mêmes, se décida à envoyer parmi eux, pour chaque espèce, un animal différent, doté d'une couleur voyante et différente, dépourvu des attributs qui faisaient la richesse et la force de chacun. Il envoya parmi les primates un singe pâle comme la neige, parmi les félins un lion blanc comme la crème, parmi les hippopotames, une femelle rose ... et parmi les crocodiles, un Crocodile Roux. Et il les nomma ses messagers. Le créateur voulu ses messagers bien visibles, faisant tache dans le décor, pour rappeler à chacun de prendre exemple sur ces animaux. Privés de leurs avantages, ils allaient devoir être plus prudents, plus méfiants et plus rusés que les autres, pour survivre aux épreuves de la nature et de la vie. Le temps passa, les animaux cessèrent de se disputer, de peur de perdre leurs avantages, désormais conscients qu'aucun n'était réellement plus beau.
Longtemps après, des lunes et des soleils plus tard, le créateur revint vers ses messagers et il vit à sa grande satisfaction combien ils avaient grandi ! Le singe pâle était aimé d'entre tous et recevait les soins les plus attentionnés. Le lion blanc, désormais resplendissant d'un blanc doré, avait dû apprendre à chasser commun aucun autre et vivait à présent choyé par des lionnes ravissantes et fertiles. Il jouissait d'un territoire immense et d'une généreuse postérité. Le Crocodile Roux lui-même s'était adapté, capable de surprendre ses proies, comme aucun autre, seul survivant de sa fratrie.
Le créateur satisfait de son œuvre remonta vers les cieux, confiant que les animaux sauraient désormais par ses messagers que toute faiblesse peut devenir une richesse, car elle vous oblige à faire toujours mieux ! Ainsi se termine la légende du Crocodile Roux.
Presque au tout début des temps de la création, il y a très, très longtemps, aux premiers moments des origines du monde et de la vie, alors que le ciel et la terre venaient tout juste de se séparer, surgit un grave conflit entre les animaux qui y vivaient depuis peu. Qui est le plus bel animal, voulurent-ils savoir ? Le créateur dans son immense sagesse refusa de leur répondre. Alors le tumulte alla grandissant et pour cette raison, on convoqua les animaux de la brousse et des marécages autour d'un étang. "Qui est le plus bel animal que Dieu ait créé ? questionna une antilope. N'est-ce pas nous, qui sommes si élégants et rapides ?
- Non, bien sûr que non ! protesta le porc-épic. C'est nous, car nous avons de très belles épines."
Mais alors, tous les animaux protestèrent et les antilopes les premières ." Vous êtes laids, bien plus semblables à des buissons qu'à des animaux, lancèrent-elles. " Choqués et rejetés de tous, les porc-épics repartirent vers la forêt, décidés désormais à lancer leurs épines contre quiconque les attaquerait. Mais le tumulte ne s'arrêta pas là. Plus fort rugirent les lions et plus fort barrirent les éléphants. Les oiseaux de proie crièrent contre eux tous qui refusaient de reconnaître la beauté de leur plumage et de leur bec ! Et s'avança soudain un serpent qui les effraya tous et ils se turent pour entendre ce qu'il avait à dire. Il se leva sur ses pattes et afficha un air digne avant de commencer à siffler ce qu'il avait à exprimer "Comment pouvez-vous croire que vous êtes les plus beaux, vous tous, êtres semblables, sans splendeur et sans grande intelligence, alors que nous, les serpents, sommes si rusés, si beaux et si discrets dans tous les paysages, que vous ne puissiez point nous voir et nous attraper ? C'est que nous sommes semblables à la nature, toujours si belle et merveilleuse ! Ne sommes-nous les plus beaux des animaux ?" Alors se mirent à rire les singes et les gorilles, les suricates et polatouches, les tigres et les hyènes, les hippopotames et les zèbres ... " Nous sommes tous capables de nous fondre dans la nature, s'écrièrent-ils, car nous sommes tous aussi beaux et merveilleux que le paysage que nous habitons. Alors que vous êtes semblables à ce qu'il y a de plus laid et vile sur terre, avec vos petites pattes hideuses et vos yeux de vipères!, sans parler de votre sifflement ! " Alors les serpents se retirèrent, devinrent si amers qu'un venin bouillonna bientôt dans leur veine et tout leur corps. Ils se défirent de leurs pattes dont ils avaient honte désormais et jurèrent de mordre et d'empoissonner tout animal qui oserait les approcher ! Et à nouveau, la bisbille reprit. Les animaux ne s'entendaient guère et criaient tous pour faire entendre les attributs qu'ils juraient être les plus beaux du monde ! Et cette fois, un crocodile émergea de l'étang. Il frappa bruyamment sa queue contre les eaux et claqua ses mâchoires si fort que tous se turent et le regardèrent, craignant de se faire dévorer. Le crocodile furieux de les entendre ouvrit grand ses yeux, montra les écailles de son dos et les griffes de ses pattes puissantes. " De toute évidence, grogna-t-il, nous sommes le plus bel animal et le plus puissant ! Ne voyez-vous pas que nous sommes faits pour les eaux, autant que pour la terre et le ciel, et qu'aucun d'entre-vous n'ose nous défier ? Si nous le voulons, nous pouvons briller comme les eaux, nous fondre dans le sable et les marécages, sans jamais nous noyer. Aucun de vous n'est plus beau !" Cette fois encore, tous les animaux protestèrent de plus bel : "Vous êtes hideux comme des crapauds ! Personne ne vous aime, le créateur lui-même semble vous avoir méprisé ! " Les crocodiles s'en allèrent et disparurent dans les eaux, décidés à n'apparaître que pour manger tout animal assez fou pour les approcher. Les cris augmentèrent et encore plusieurs animaux partirent dans la haine, décidés à tuer tous les autres dès qu'ils en auraient l'occasion, si bien que le conflit n'alla que s'envenimant.
Le créateur, triste et furieux de les entendre, et aussi décidé à leur enseigner la vérité sur eux-mêmes, se décida à envoyer parmi eux, pour chaque espèce, un animal différent, doté d'une couleur voyante et différente, dépourvu des attributs qui faisaient la richesse et la force de chacun. Il envoya parmi les primates un singe pâle comme la neige, parmi les félins un lion blanc comme la crème, parmi les hippopotames, une femelle rose ... et parmi les crocodiles, un Crocodile Roux. Et il les nomma ses messagers. Le créateur voulu ses messagers bien visibles, faisant tache dans le décor, pour rappeler à chacun de prendre exemple sur ces animaux. Privés de leurs avantages, ils allaient devoir être plus prudents, plus méfiants et plus rusés que les autres, pour survivre aux épreuves de la nature et de la vie. Le temps passa, les animaux cessèrent de se disputer, de peur de perdre leurs avantages, désormais conscients qu'aucun n'était réellement plus beau.
Longtemps après, des lunes et des soleils plus tard, le créateur revint vers ses messagers et il vit à sa grande satisfaction combien ils avaient grandi ! Le singe pâle était aimé d'entre tous et recevait les soins les plus attentionnés. Le lion blanc, désormais resplendissant d'un blanc doré, avait dû apprendre à chasser commun aucun autre et vivait à présent choyé par des lionnes ravissantes et fertiles. Il jouissait d'un territoire immense et d'une généreuse postérité. Le Crocodile Roux lui-même s'était adapté, capable de surprendre ses proies, comme aucun autre, seul survivant de sa fratrie.
Le créateur satisfait de son œuvre remonta vers les cieux, confiant que les animaux sauraient désormais par ses messagers que toute faiblesse peut devenir une richesse, car elle vous oblige à faire toujours mieux ! Ainsi se termine la légende du Crocodile Roux.
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